Mardi 26 janvier 2016 à 23:26

Putain ! Vivante ! Qui l'eut cru ! Je marche à la rue avec une pétillante joie, j'accoste les gens, je les interpelle, je les surprends, les appelle, leur fait signe et leur demande depuis le balcon de m'indiquer la direction de mes pas. Tout le monde le fait avec sympathie. Je fais pourtant confiance à mon cul pour toujours trouver son chemin, mais j'ai bien trop de plaisir à déranger les gens en train.

Lundi 18 janvier 2016 à 13:05

Il y a un vent à te laver le cerveau, un soleil à te rincer les poumons, je bats du talon mon euphorie sur les trottoirs, je suis seule et libre, je pourrais crier, j'ai la joie qui grelotte, je la garde entre mes gants, on se trémousse de l'intérieur, je ne demande rien d'autre que la vie comme ça, exactement comme ça, avec de la surprise et de l'oxygène. Je marche au hasard et le pied léger, quand personne ne m'accompagne je peux m'enquiller des kilomètres sans pigner.

Jeudi 12 novembre 2015 à 0:07

Kommst du klar, wenn ich nicht klarkomme ? J'ai un double-nœud quelque part entre l’œsophage et l'aorte, bon appétit. Ou est-ce ailleurs ? Du gravier au fond de l'estomac ? Une ou deux côtes cisaillées ? Je ne suis sûre de rien, mais c'est assez désagréable. L'air sent l'amer. J'ai travaillé au café la journée et c'était bien. Humaine : facile. Sourire, dicter à la caisse les commandes, faire les cafés, sourire, ranger, sourire : facile. Quand je rentre, c'est encore facile, je suis portée par l'énergie de la comédie du café. Et puis après, quelque part dans l'appartement entre la porte et le lit, difficile. Qu'est-ce qui se défait en ce moment ? J'ai le syndrome de la loose du mois de novembre. Internet ne m'aide pas. Un article sur la dépression de saison, bim. Un article sur la réussite, boum. Je n'ai le cœur à rien (évidemment, coincé entre les pavés de la nuit, il peine à respirer). J'irai bien dormir mais j'ai les amygdales gonflées. Je les étourdis un peu avec de la lumière d'ordinateur. Toi, moi et les autres on sait que ce n'est pas une solution, mais peut-être qu'elles, mes amygdales, n'y verront que du feu. Allons.

Il me manque un squelette. De la tenue. De la rigueur. De la volonté. Je n'ai aucune force pour m'atteler aux chantiers qui m'attendent, et que je serai pourtant heureuse de pouvoir saluer. S'ils sortaient de terre spontanément. Sans que je doive me pencher au sol pour les nourrir. Sans que je doive les cajoler pour les faire grandir. Ça fait des années que je ne cache pas ma condition de paresseuse. La paresse. D'accord. Mademoiselle, ne seriez-vous pas, aussi, et surtout, défaitiste ?

Si, parfaitement, voilà, oui, défaitiste. Que je (me ) cache, que je (vous) cache dans les couleurs que l'on me connait. C'est admis.

C'est quoi, le plan, maintenant ?

Mardi 10 novembre 2015 à 23:39

J'ai le poumon brûlant et cet amoureux sur les bras, sur la tête. J'ai le ventre tordu depuis quelques dizaines d'heures de jours et si je suis fatiguée je pleure au travail et si je ne suis pas fatiguée je n'ai envie de rien. Je connais ces sensations, je crois que j'ai du avoir les mêmes, secondes pour secondes, au mois de novembre dernier. J'ai tout à coup envie de déambuler seule et de ne parler personne. J'ai des larmes suspendues dans la nuque qui attendent un coup de vent pour pouvoir me renverser. J'ai le poumon brûlant et cet amoureux sur les bras.
L'année dernière j'ai disparu pendant quelques semaines de tous les radars et les amis se sont vraiment inquiétés mais m'ont aussi pardonnée. Cette année, nouveauté, on redistribue les cartes, il y a ce garçon, et depuis quelques dizaines d'heures de jours, il ne fait plus parti d'aucune équation qui me fasse envie, j'ai cet amoureux sur la tête et je ne sais pas si je vais faire quelque chose qui va casser un peu du lien entre nous, un peu de la confiance. J'ai tout à coup envie de déambuler seule et de ne parler personne. Je voudrais qu'il ne soit pas là parce que je voudrais que le monde ne veuille rien de moi. Ça m'arrive souvent, de vouloir la retraite absolue, que l'on ne se souvienne pas que je suis, que je puisse être là. Je le mets où, lui, là-dedans ? Je n'ai pas d'invitation. Ni lui, ni un autre, ni les autres.
Quand j'ai un éclair de bonne humeur, je vais voir un humain de sympathie, je vais faire quelques minutes la vivante, je donne un peu de conversation, je dors dans le lit d'un garçon, je descends un peu de vin en bonne compagnie.
Un éclair de bonne humeur, j'ai cette idée que ça ne suffit pas dans un jeu avec des sentiments. Tu sais, ces sentiments là. J'ai cette idée que ça ne suffit pas et j'ai un peu la peur qui me prend les chevilles.

Dimanche 30 août 2015 à 22:00

Je n'ai pas écrit un mot une ligne une phrase une pensée depuis des mois. Je suis partie un mois, seule, ici, ailleurs, partout, j'ai pensé : je vais écrire. Rien. Que de l'informatif; un nom un prénom une adresse un itinéraire un numéro de portable une ville un nom de spectacle une rue une heure une liste de produits à acheter le titre d'un livre le nom d'un groupe, d'une compagnie, tout ça, tout ça fois dix ou cent peu importe, que de l'informatif. Le reste rien, pas une seule étoile. Il y avait deux carnets dans mon sac à dos rouge, le carnet très fin rouge (aussi) pour le tout et le carnet gris pour le reste. Le carnet gris n'a pas une seule griffure. Vierge. Le carnet très fin rouge est débarbouillé informatif. Chiant.

Je suis rentrée à Berlin et je n'ai pas envie d'apprivoiser la ville. Encore. Elle m'emmerde, la ville. Ses artères ses boyaux sa pulsation. Ce soir, je prends la température dans ma tête, j'essaie d'y respirer, je regarde le sol sous mes pieds et je pense : il va pas falloir que ça tangue. Il va pas falloir que ça tangue. Sous mes pieds quelque part ça s'appelle Berlin, il faut faire avec, avec le sol mais surtout avec les pieds.

Je n'ai pas écrit depuis que je l'ai rencontré. Il a trollé ma tête, quoi de plus naturel. Je fais vachement gaffe à ce que je fais. Ne pas écrire était peut-être une superstition. Ne pas déranger. Ne pas immobiliser. Laisser. Ne pas arrêter une pensée à un endroit pour ne pas l'y retrouver plus tard, ne pas faire de bruit contre les paupières, tout laisser filer sur le petit fil tissé, ce petit fil là tout nouveau et bien étrange, bien inattendu, bien agréable et bien périlleux. Peut-être que j'exagère. Ce pourrait aussi être un simple hasard, pas une superstition. Périlleux, ce n'est pas périlleux, on se flanque toujours des gouffres pas possibles quand on va au début d'une relation, c'est n'importe quoi, ce n'est pas périlleux. Ça demande tout au plus un peu de concentration. Pourquoi le besoin de croire au danger ?

Le danger ce n'est pas lui ni mon lien à lui - le danger c'est moi. Je suis fatiguée. J'aime être serveuse mais être la serveuse du dimanche matin tôt c'est fatigant. J'adore le stress des premières heures, être le premier visage à vous parler, vous accueillir, vous dire Oui, avoir le contrôle, et puis le perdre un peu, renverser un ou deux trucs, faire des erreurs, demander pardon, j'aime ça, vraiment, ce boulot me faire plaisir, mais au bout de quelques heures j'ai souri 863 fois j'ai ri 38 fois j'ai tellement parlé j'ai tellement dit de mots aux gens qui ont passé la porte du café, au bout de quelques heures je me laisse glisser sur le sol derrière le comptoir, le dos contre les frigos je dis aux collègues Je n'existe plus, débrouillez-vous avec les clients, je ne peux plus parler du tout et c'est vrai, quand je dis ça vous entrez dans le café et je vois à travers vous, j'essaie de me cogner la tempe pour revenir à la surface mais mon cerveau est parti je vois le mur derrière votre bouche et j'entends ce que vous dites, et vous arrêtez de parler et vous faites trois mètres, vous vous asseyez, vous attendez désormais, je ne sais déjà plus, il faudra vous redemander en riant ce que vous venez de commander.

J'ai mal aux jambes. Ce soir particulièrement, mais depuis longtemps. La nuit, terriblement. Mollets. Genoux. Genoux, comme une lame de cutter enfoncée par le dessous. Mollets, comme un cercueil en ciment qui serait en train de prendre racine dans le sol tout en se craquelant. Dans les draps, dans le matelas, mes jambes, douleurs. J'ai eu mal aux jambes dès en rentrant à Berlin. Pendant un mois, non. En rentrant, la première nuit, oui. Ce soir, j'ai pensé : c'est mon corps, il faut que j'accepte que mon corps parle en douleur de jambes un point c'est tout. J'ai pensé ça et j'ai pensé tout de suite après à ses jambes à lui : indolores. Je me suis faite cette réflexion. Le premier été où j'ai eu mal aux genoux, c'était après son accident. Pas avant. Je ne cherche pas un lien. Je constate. Lui, plus de jambes. Moi, trop.

Je n'ai pas écrit depuis des mois, j'ai été vraiment perdue avec la masse des choses que j'ai faites ces images que j'ai faites ces mots que j'ai faits j'ai été vraiment incapable de savoir quel sens ça avait ce qu'il fallait en faire et pourquoi et où on irait avec tout ça je ne veux pas déclencher de commentaires sympathiques je constate : le silence de l'écriture, la perte de l'orientation.
Mais surtout, et c'est important, je constate le salvateur plaisir à photographier ces quatre dernières semaines. J'avais réellement, profondément et depuis longtemps, douté que l'image revienne m'effleurer la joie comme ça. Me secouer les neurones, m'anesthésier le bon sens, me donner un souffle de marathonien, me faire palpiter la peau des fesses. Mais si.

Alors je m'inquiète un peu moins - rapport au silence des mots. Ça reviendra si ça revient.
Je m'inquiète juste un peu de moi, et je suis sûre que tu sais exactement comme c'est, parce que c'est pas croyable qu'on soit à ce point tous les mêmes, mais si. Et tellement différents que parfois on s'explose la tête comme des comètes. Corny m'a rapporté tout à l'heure mon parapluie. C'est peut-être pas plus mal.



 

Mercredi 15 juillet 2015 à 21:29

Ce sera ici et certainement mon seul mot de l'été. Clignotants a passé le cap de sa dixième année d'existence dans le silence. Il y avait des tumultes techniques sur la plateforme, ça a été terriblement frustrant et agaçant. Je me suis littéralement arraché quelques cheveux. Mon site s'est envolé dans les limbes de l'internet, et cette page blanche de confidences n'a pas soufflé sa bougie. Amertume. Peu importe désormais.
Mais je tenais tout de même à le noter, 10 ans, tu entends ? C'est un peu la folie, c'est un peu fou, il y a 10 ans : j'avais 15 ans. Une enfant.

Je pars dans quelques jours en vacances. Je reviendrai à la rentrée ici, je bricolerai quelque chose de mieux pour ce contenu, un contenant qui grandisse un peu. Je crois que je veux abandonner le s et prendre un e, que le rendez-vous de ce fil des jours devienne clignotante.

Ce fil qui ne s'est jamais emmêlé, ce fil que je n'ai jamais perdu. Je l'ai parfois caché, parfois tu, mais il est là, tenace. Et c'est sa ténacité qui fait sa beauté, c'est au commencement purement anecdotique, et au final il n'y a pas encore eu de final.

J'ai dit souvent que pour les 10 ans, je sortirai des écrans de l'internet. Je m'étais engagée à graver quelque chose sur du papier. Je ne l'ai pas fait. Certains d'entre vous le savent assez, je tiens peu mes promesses. Pourtant, même si je ne les tiens jamais à l'heure, et jamais non plus en retard, je ne les abandonne pas. Elles ont besoin d'une maturité particulièrement exagérée.

Plus Louise que jamais, je reviens bientôt.

 

Jeudi 30 avril 2015 à 0:49

 J'suis triste. Oh, je ne suis pas triste de larmes, j'suis juste triste du visage qui fait la moue, et de la pointe de déception dans le thorax. Je suis un peu triste parce que je me rends compte que je vais lâcher prise, abandonner l'idée de te faire apparaître dans le vrai. Je vais te laisser de  ton côté de l'écran, sans te convoquer sur un trottoir où je puisse te rejoindre. Même si je ne vaux pas la moitié de trois centimes dans ce jeu de petits imbéciles que l'on déroule, j'avais la pensée immobile de t'atteindre, malgré la peur ou avec insouciance. Mais je ne peux pas te secouer éternellement, c'est pas décent, c'est pas autorisé, de toutes façons je ne sais pas dans quel sens te faire tourner puisque je ne t'ai jamais vu marcher. Je suis toujours prête à mouiller ma chemise quand le courant ne mène nulle part, c'est à peine croyable, on dirait qu'on le fait tous exprès, sans cesse, se donner des invitations là où on ne va pas, je voudrais que finisse le naufrage des bouteilles à la mer, que l'on s'engage moussaillon, pour un tour de barque. Pas besoin d'une croisière, pas besoin d'un paquebot. Un tour de barque et une pagaie. J'en avais envie.

Vendredi 3 avril 2015 à 1:55

Comment effacer, atteindre, atténuer la douleur de cette coupure que je ressens au plexus solaire mais qui n'existe pas ? Comme ça faisait longtemps que je ne m'étais pas retrouvée broyée dans la machine à gravillonner les autoroutes nausées. J'avais perdu la sensation de ces larmes sèches qui agrippent les poumons, les tirent, les tâchent, les arrachent. J'ai des frissons dégueulasses sur les avant-bras, comme un seau de pluie un jour de froid. Aux amygdales, pendu, un besoin terrible d'un câlin, d'une étreinte, d'un serrement entre deux bras, contre un humain. Dis-moi, s'il te plait, comment alléger ces symptômes physiques, cette angoisse qui me tord, comment me sortir vivante de cette journée qui s'apprête de si tôt à tourner mal, je ne veux pas faire souffrance, dis-moi, s'il te plaît, quelque chose. Une ébauche, une idée, un espoir.

Mardi 31 mars 2015 à 23:47

Mardi 31 mars 2015 à 11:36

Tu viens te cogner à moi comme un papillon fou, tu me renverses sur le sol et on se dévore sans jamais se manger, je reprends de justesse ma respiration avant qu'elle ne se donne abandonne. Tu es sans cesse attendu, je souhaiterai qu'il n'en soit rien, que l'on puisse faire éternellement des roulades dans cette maison vide, se chercher dans tous les angles, se bousculer contre tous les murs, des heures durant, nos aimants finiraient bien par se fatiguer, par se laisser glisser sur le parquet, tranquilles. J'ai envie d'un jeu, d'une bataille, je cours, tu m'attrapes, je te fais tomber, tu te laisses étreinte, je me roule boule. Il n'y a que cet extraordinaire présent avec toi, si dense, si palpable, ce présent là qui ne se ressent pas déplacé, et pourtant, je m'inquiète de toi, de tes limites, je freine notre plongeon, j'ai peur que tu te laisses déborder, je ne suis pas sûre pour toi, je ne peux pas l'ignorer, je ne veux rien abîmer. Ce n'est pas mon affaire, je n'ai pas à m'occuper de ta conscience, et puisque nos épidermes me révèlent si fort notre naturel, notre légitime, méfie-toi, un jour je ne serai plus notre garde-fou, un jour j'ouvrirai la porte sans garder la main sur la poignée. Je vais te prendre, le veux-tu ?

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