Mardi 31 mars 2015 à 11:36

Tu viens te cogner à moi comme un papillon fou, tu me renverses sur le sol et on se dévore sans jamais se manger, je reprends de justesse ma respiration avant qu'elle ne se donne abandonne. Tu es sans cesse attendu, je souhaiterai qu'il n'en soit rien, que l'on puisse faire éternellement des roulades dans cette maison vide, se chercher dans tous les angles, se bousculer contre tous les murs, des heures durant, nos aimants finiraient bien par se fatiguer, par se laisser glisser sur le parquet, tranquilles. J'ai envie d'un jeu, d'une bataille, je cours, tu m'attrapes, je te fais tomber, tu te laisses étreinte, je me roule boule. Il n'y a que cet extraordinaire présent avec toi, si dense, si palpable, ce présent là qui ne se ressent pas déplacé, et pourtant, je m'inquiète de toi, de tes limites, je freine notre plongeon, j'ai peur que tu te laisses déborder, je ne suis pas sûre pour toi, je ne peux pas l'ignorer, je ne veux rien abîmer. Ce n'est pas mon affaire, je n'ai pas à m'occuper de ta conscience, et puisque nos épidermes me révèlent si fort notre naturel, notre légitime, méfie-toi, un jour je ne serai plus notre garde-fou, un jour j'ouvrirai la porte sans garder la main sur la poignée. Je vais te prendre, le veux-tu ?

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