Vendredi 4 mars 2016 à 22:31
Lundi 29 février 2016 à 23:39
Cette semaine, j'ai eu deux crises de mutisme.
C'était comme une crise de panique de silence. La première fois, j'ai fini en pleurs, la bouche tordue dans le visage, j'ai vidangé toutes les pensées de mon corps dans le lit de l'amoureux avec une tonne de larmes. La deuxième fois, avant que la vague n'atteigne ma gorge, j'ai couru dans la cuisine et je me suis dise à dire des mots, n'importe lesquels, sans m'arrêter, pour ne pas perdre ma voix une seule seconde, pour ne pas laisser mes lèvres se coudre l'une à l'autre, j'ai dis des mots, le peu que j'avais encore dans les poumons, j'ai parlé parlé parlé aux murs, pour trouver une respiration, pour ne pas tomber, pour ne pas pleurer, j'ai chanté, j'ai chanté des chansons dont je savais les paroles, pour occuper ma tête avec un peu couleurs, pour tromper la douleur un instant.
Je crois que j'ai le fond de la tête qui a déraillé. Je suis sensible à des endroits où je n'ai pas l'habitude de l'être, je me brise pour un rien, je deviens excessivement amère quand je suis contrariée, j'ai les émotions qui partent dans tous les sens et un monstre de silence qui rode. Je ne devrais certainement pas en faire toute une histoire. Hier soir, j'ai tellement eu l'impression d'être folle, et l'effort que j'ai du construire pour rejoindre l'amoureux dans la chambre et recommencer à parler avec lui sans perdre pied, cet effort m'a semblé si gigantesque. Cette semaine, j'ai une fissure dans le plexus solaire et je crois qu'un vent a emporté mes bricolages moelleux, ceux qui, brodés sous ma peau, me rendaient humainement viable -
Cette nuit, j'ai dormi douze heures et demi.
Vendredi 12 février 2016 à 0:55
Mardi 26 janvier 2016 à 23:56
Mais après, la vie est venue et j'ai enfin pu l'embrasser, et entre hier et aujourd'hui, il y a eu : les brocolis à la poêle, la citrouille dans le four, le tiramisu avec les biscuits sans gluten, faire du vélo à deux, le marché le long du canal, la fête à görli, les bus sans tickets, manger avec une amie. Il y a eu le soleil de midi, l'oxygène qui se faisait printemps. Il y a eu deux machines à laver, un antivol perdu, un antivol acheté, des mots, plein de mots, des paroles, des paroles.
D'habitude, quand je rentre de plusieurs semaines de vadrouille, je me terre dans mon appartement jusqu'à ce que germe en moi une timide et lente envie de pousser la porte, jusqu'à ce qu'une raison saugrenue ou une petite joie m'appellent au dehors. Parfois, c'est une mauvaise humeur crantée à l'estomac qui me pousse à aller verser ma bile sur les trottoirs. D'habitude, donc je rentre de voyage et j'attends de voir.
Cette fois-ci, à part cette extrêmement courte parenthèse de chouine hier au petit matin, j'ai vécu comme de naturel, comme de bien entendu, comme si je n'avais pas été partie, comme si je n'avais pas eu le non-goût du retour. Du coup, j'ai un léger bourdonnement dans l'oreille droite, un bruit de fond qui me dit Tu ne t'aies pas encore mangé le mur en pleine tête, tu esquives mais tu ne paies rien pour attendre, et j'ai remarqué, quand deux secondes je fais attention à l'intérieur, qu'en fait j'ai une brique pendue au coeur.
Demain matin je vais bosser et normalement, je m'arrange toujours pour laisser quelques jours entre mon retour et le premier jour de boulot, histoire de pas me le prendre dans les dents, de ne pas l'avoir en travers la gorge. Là, j'ai raté mon coup. J'suis vraiment pas préparée. Peut-être que ça va passer comme une lettre à la poste. Peut-être que je vais douiller.
C'est toujours plus simple quand c'est compliqué.
Mardi 26 janvier 2016 à 23:26
Lundi 18 janvier 2016 à 13:05
Lundi 4 janvier 2016 à 16:18
Von jetzt an, jeden Montag, übersetze ich auf deutsch, mit der Hilfe eines lieben Menschen, einen Text den ich geschrieben habe ! Hier links # auf deutsch !
Jeudi 12 novembre 2015 à 0:07
Il me manque un squelette. De la tenue. De la rigueur. De la volonté. Je n'ai aucune force pour m'atteler aux chantiers qui m'attendent, et que je serai pourtant heureuse de pouvoir saluer. S'ils sortaient de terre spontanément. Sans que je doive me pencher au sol pour les nourrir. Sans que je doive les cajoler pour les faire grandir. Ça fait des années que je ne cache pas ma condition de paresseuse. La paresse. D'accord. Mademoiselle, ne seriez-vous pas, aussi, et surtout, défaitiste ?
Si, parfaitement, voilà, oui, défaitiste. Que je (me ) cache, que je (vous) cache dans les couleurs que l'on me connait. C'est admis.
C'est quoi, le plan, maintenant ?
Mardi 10 novembre 2015 à 23:39
Dimanche 30 août 2015 à 22:00
Je suis rentrée à Berlin et je n'ai pas envie d'apprivoiser la ville. Encore. Elle m'emmerde, la ville. Ses artères ses boyaux sa pulsation. Ce soir, je prends la température dans ma tête, j'essaie d'y respirer, je regarde le sol sous mes pieds et je pense : il va pas falloir que ça tangue. Il va pas falloir que ça tangue. Sous mes pieds quelque part ça s'appelle Berlin, il faut faire avec, avec le sol mais surtout avec les pieds.
Je n'ai pas écrit depuis que je l'ai rencontré. Il a trollé ma tête, quoi de plus naturel. Je fais vachement gaffe à ce que je fais. Ne pas écrire était peut-être une superstition. Ne pas déranger. Ne pas immobiliser. Laisser. Ne pas arrêter une pensée à un endroit pour ne pas l'y retrouver plus tard, ne pas faire de bruit contre les paupières, tout laisser filer sur le petit fil tissé, ce petit fil là tout nouveau et bien étrange, bien inattendu, bien agréable et bien périlleux. Peut-être que j'exagère. Ce pourrait aussi être un simple hasard, pas une superstition. Périlleux, ce n'est pas périlleux, on se flanque toujours des gouffres pas possibles quand on va au début d'une relation, c'est n'importe quoi, ce n'est pas périlleux. Ça demande tout au plus un peu de concentration. Pourquoi le besoin de croire au danger ?
Le danger ce n'est pas lui ni mon lien à lui - le danger c'est moi. Je suis fatiguée. J'aime être serveuse mais être la serveuse du dimanche matin tôt c'est fatigant. J'adore le stress des premières heures, être le premier visage à vous parler, vous accueillir, vous dire Oui, avoir le contrôle, et puis le perdre un peu, renverser un ou deux trucs, faire des erreurs, demander pardon, j'aime ça, vraiment, ce boulot me faire plaisir, mais au bout de quelques heures j'ai souri 863 fois j'ai ri 38 fois j'ai tellement parlé j'ai tellement dit de mots aux gens qui ont passé la porte du café, au bout de quelques heures je me laisse glisser sur le sol derrière le comptoir, le dos contre les frigos je dis aux collègues Je n'existe plus, débrouillez-vous avec les clients, je ne peux plus parler du tout et c'est vrai, quand je dis ça vous entrez dans le café et je vois à travers vous, j'essaie de me cogner la tempe pour revenir à la surface mais mon cerveau est parti je vois le mur derrière votre bouche et j'entends ce que vous dites, et vous arrêtez de parler et vous faites trois mètres, vous vous asseyez, vous attendez désormais, je ne sais déjà plus, il faudra vous redemander en riant ce que vous venez de commander.
J'ai mal aux jambes. Ce soir particulièrement, mais depuis longtemps. La nuit, terriblement. Mollets. Genoux. Genoux, comme une lame de cutter enfoncée par le dessous. Mollets, comme un cercueil en ciment qui serait en train de prendre racine dans le sol tout en se craquelant. Dans les draps, dans le matelas, mes jambes, douleurs. J'ai eu mal aux jambes dès en rentrant à Berlin. Pendant un mois, non. En rentrant, la première nuit, oui. Ce soir, j'ai pensé : c'est mon corps, il faut que j'accepte que mon corps parle en douleur de jambes un point c'est tout. J'ai pensé ça et j'ai pensé tout de suite après à ses jambes à lui : indolores. Je me suis faite cette réflexion. Le premier été où j'ai eu mal aux genoux, c'était après son accident. Pas avant. Je ne cherche pas un lien. Je constate. Lui, plus de jambes. Moi, trop.
Je n'ai pas écrit depuis des mois, j'ai été vraiment perdue avec la masse des choses que j'ai faites ces images que j'ai faites ces mots que j'ai faits j'ai été vraiment incapable de savoir quel sens ça avait ce qu'il fallait en faire et pourquoi et où on irait avec tout ça je ne veux pas déclencher de commentaires sympathiques je constate : le silence de l'écriture, la perte de l'orientation.
Mais surtout, et c'est important, je constate le salvateur plaisir à photographier ces quatre dernières semaines. J'avais réellement, profondément et depuis longtemps, douté que l'image revienne m'effleurer la joie comme ça. Me secouer les neurones, m'anesthésier le bon sens, me donner un souffle de marathonien, me faire palpiter la peau des fesses. Mais si.
Je m'inquiète juste un peu de moi, et je suis sûre que tu sais exactement comme c'est, parce que c'est pas croyable qu'on soit à ce point tous les mêmes, mais si. Et tellement différents que parfois on s'explose la tête comme des comètes. Corny m'a rapporté tout à l'heure mon parapluie. C'est peut-être pas plus mal.
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