Samedi 15 août 2009 à 10:52

J'ai la cuisse gauche rougie de coupures, et le mollet droit lui aussi strié par les ronces. Deux trous faits par une épine dans le pouce et un aussi dans la paume de la main droite en voulant me défendre d'une branche qui m'attaquait à hauteur de visage. Mais elle a réussi, je me ballade avec une petite entaille sous l'oeil droit. Je suis tombée dans les rochers, j'ai glissé et la peau de mon genou ne perd pas son air irrité.

Ces années d'autoportraits ont légèrement déformé le regard que je me porte, j'ai des exigences purement égoïstes, je voudrais pouvoir prendre des photos sans inventer des cachettes dans l'appareil. Parfois je me fatigue du retardateur, il m'handicape comme il m'enchante, souvent le miroir me renvoie un reflet avec lequel je n'ai pas envie de composer; pourtant, après une séance image je me sens en paix avec moi-même, incroyablement sereine, comme en harmonie avec la lumière... et je voudrais étirer ces instants là, les garder à jamais au bord de la peau, pour me protéger des jours où je range l'appareil frustrée, sans avoir réussi à arrondir les angles, ces jours où mes défaites me rendent amère, quand je ne me sens plus capable de rien, tellement impuissante face à un paysage qui m'échappe ou lorsque je suis redevenue une qui-ne-s'attrape-pas et que les dix secondes du retardateur ne gardent qu'une silhouette floue, bossue et pleine de plis, à laquelle je refuse de m'identifier.

C'est, constamment, une recherche du beau, du sensible, qui parfois apaise, mais souvent agace. C'est un corps sans histoire qui écrit des phrases décousues pour un recueil sans titre.

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