Vendredi 23 avril 2010 à 0:51

Je voudrais te prendre contre moi, te serrer contre mon ventre et remonter les draps au dessus de nos visages; te dire que c'est la nuit et que tout le reste ne s'est pas passé, que les tempêtes sont restées au pied du lit et qu'ici il n'arrivera rien. Je voudrais te dire que demain quand le jour secouera les rideaux il suffira de garder les yeux fermés pour échapper à la vie, de rester là enlacés une dernière fois, à s'aimer sans respirer, pour se soustraire aux bruits du monde, leur faire croire que l'on n'est pas là, emmêler nos contours pour qu'ils ne nous reconnaissent pas, qu'ils nous oublient,
jusqu'à ce que la douleur s'atténue, jusqu'à ce que l'on défasse tous les petits noeuds les ponts en lianes qui nous lient, doucement, sans geste brusque, sans se faire peur, je voudrais que tu viennes au bord de moi reprendre tout ce qui t'appartient, que tu me rendes tous ces bouts d'amour que j'ai laissés dans ta barbe, que l'on ferme une à une toutes les portes que l'on avait ouvertes, que l'on prenne le temps de se devenir un peu moins familiers, un peu plus étrangers, jusqu'à cligner des paupières, jusqu'à laisser la lumière venir nous chercher, et puis quitter le radeau de nos draps de naufragés, sans être réellement sauvés, mais au moins un peu plus légers.
Je voudrais.

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