Je me sens barbouillée, mélangée, en pagaille, pêle-mêle. J'ai mal aux autres. Je ne sais pas vivre, là, au milieu. C'est sûrement une déformation, un truc que je traine depuis la naissance. Être avec eux, c'est se résigner au mal-être. Accepter de dire des choses nulles, d'avoir l'air moche, et quelque part, d'une certaine manière, de puer. J'ai mal là où ils parlent, là où ils regardent. Là où ils respirent. Jeu de corps et de mots qui font miroir, te renvoient infiniment ta silhouette. Enfin... Une silhouette de toi.
Je n'aime pas cette image. Je la fuis, l'évite autant que possible. J'ai mal aux autres quand ils existent ensemble et boivent le même air. Situations fatigantes où je suis gauche, pleine de cailloux, de déséquilibres. Je ne veux pas jouer à ce jeu, les règles en sont idiotes, elles se font oublier et reviennent t'assommer; cette mascarade de la proximité ne me plaît pas, c'est comme ça.
Je mise ma vie sur la distance, je me découpe un poumon loin du monde, je l'aménage sous les toits; j'y hiberne de tout mon saoûl. Je ne sors que pour quelques instants volés au théâtre, pour goûter au plaisir de l'improvisation, à de furtives mises-en-scène. La vie ne m'intéresse pas sans son lot d'improbables spectacles, et un spectacle, pardonnez-moi, mais ça se prépare, en coulisse et en silence. Après seulement, on s'élance.
J'ai mal au corps à corps des gens qui ne laissent pas de place à un envers du décor, je regrette Berlin, où feinter est toujours plus facile : des phrases allemandes pleines de sonorités françaises aident à s'échapper des situations étouffantes. Ici, la famille ne pardonne pas, ce ne sont que des conversations de face, qui se tapent, se rencontrent se claquent s'entreclaquent. Des humains, des vrais, et pas assez de ciel pour la poésie...
Je n'aime pas cette image. Je la fuis, l'évite autant que possible. J'ai mal aux autres quand ils existent ensemble et boivent le même air. Situations fatigantes où je suis gauche, pleine de cailloux, de déséquilibres. Je ne veux pas jouer à ce jeu, les règles en sont idiotes, elles se font oublier et reviennent t'assommer; cette mascarade de la proximité ne me plaît pas, c'est comme ça.
Je mise ma vie sur la distance, je me découpe un poumon loin du monde, je l'aménage sous les toits; j'y hiberne de tout mon saoûl. Je ne sors que pour quelques instants volés au théâtre, pour goûter au plaisir de l'improvisation, à de furtives mises-en-scène. La vie ne m'intéresse pas sans son lot d'improbables spectacles, et un spectacle, pardonnez-moi, mais ça se prépare, en coulisse et en silence. Après seulement, on s'élance.
J'ai mal au corps à corps des gens qui ne laissent pas de place à un envers du décor, je regrette Berlin, où feinter est toujours plus facile : des phrases allemandes pleines de sonorités françaises aident à s'échapper des situations étouffantes. Ici, la famille ne pardonne pas, ce ne sont que des conversations de face, qui se tapent, se rencontrent se claquent s'entreclaquent. Des humains, des vrais, et pas assez de ciel pour la poésie...