Jeudi 1er janvier 2009 à 15:28

C'est drôle, souvent je vous entends parler d'enfances en paillettes, en mercredi après-midi aux parfums de confiture, en bonbons pleins les poches et en malice par poignées. Souvent j'écoute l'innocence, l'insouciance, l'âge de tous les possibles. On aurait volé sur la terre et marché dans l'air. Et à chaque fois, je me dis que non, tout ça, je n'en ai pas le souvenir. Les seules choses dont je me rappelle, ce sont de mes révoltes contre les adultes, de cette colère permanente pour les grands qui avaient le droit incontestable de douter de nous, de rire ou de se moquer, de me juger peste insolente, ou pire, de ne pas écouter. De ces années censées être papillons, ne me restent que les petites rages, les frustrations. Le sentiment d'une perpétuelle injustice. La rancune envers tous, tous ceux qui ont cru être grands, les instituteurs, les parents des copines, ceux qui savaient toujours tout mieux que nous.

Ma seule enfance, elle est là, aujourd'hui, dans cette silhouette de jeune adulte qui se dessine. Ma vraie insouciance, mes marelles en éclat de rire, mes papotages en nuages de barbe à papa, mes couleurs de limonades et cette capacité à s'émerveiller d'un rien, tout ça, maintenant. J'ai l'impression d'être une petite fille depuis que je suis une jeune femme. Avant, non, tout ça, c'était. Trop risible. Je suis enfant depuis que je regarde les adultes à hauteur d'homme et que je leur parle droit dans les yeux. Depuis que ça ne m'importe plus d'être crédible parce que je vois toutes leurs failles. Depuis que j'ai pris la poudre d'escampette pour leur échapper, qu'ils ne peuvent pas crier pour me faire revenir, qu'ils peuvent bien hurler pour que je me rhabille dans les bois, je n'entends pas.

S'enthousiasmer de bêtises, planquer des Doudous pleins ses poches, en avoir toujours huit en rab dans sa sacoche, croire que tomber à moureux ça doit être une chute mortelle, lire des albums pour enfants, manger du chocolat en cachette, jouer au funambule au bord des trottoirs, faire l'avion en sortant de l'école, crapahuter sous des parapluies farfelus et chanter tout le temps et réciter des poèmes et compter ses doigts et n'en trouver jamais que neuf alors recommencer et jouer à cache-cache dans la rue et rire en éclats, et.

Être enfant à (presque) 19 ans. Ça me fait rire.

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