Extrêmement loin et incroyablement seule.
parfois j'ai envie de pleurer ou de crier un grand coup comme une tempête un drap qui se déchire mais je perds pied ça sent le chlore je sombre dans une piscine je suis désinfectée dans mon ventre c'est un jacuzzi ça fait des bulles qui me remontent dans le dos et la nuque je ne sais pas à quoi je joue je m'enferme je ne sors pas je ne mange pas et après on s'étonne de ne pas tourner rond c'est que j'ai peur voilà c'est tout j'ai peur du jeu que je joue de la vie comme je la prend j'ai peur du poteau très grand avec les panneaux devant la freie universität de berlin je passe en boucle dans ma tête des petits films et je ne trouve ma place nulle part elle est partout ma place dans les promenades dans les forêts dans schlachtensee dans les rues et les gens mais en vrai nulle part c'est de la panique juste de la panique et comme je ne dors pas à cause du soleil qui se lève tôt et de moi qui me couche tard j'ai les paupières sous la langue et la tête qui tourne quand je ne mange pas je trébuche je voudrais simplement ne plus exister cesser de fuir les choses simples et d'aller là où c'est compliqué pour la seule raison qu'ici je ne suis pas obligée de regarder les gens en face je ris jaune de cette fugue de cette allemagne à quoi ça sert d'agrandir les distances comme ça c'est idiot je suis toujours aussi minuscule j'ai 119 ans et je n'ai pas pris un seul centimètre j'ai simplement peur de devoir me lancer lâcher prise où est-ce que je vais maman j'ai mal au ventre j'ai envie de rentrer en france goûter encore une fois à la tièdeur de ce paradis des Saberts des pierres de tuffeau avant que ça, encore, ça fiche la camp ça se casse la gueule que tout déménage tiens je pleure maman je voudrais presque t'appeler pour ne rien dire juste pour rire te dire que vous me manquez et que j'ai peur que je voudrais faire demi-tour mais je ne vois plus rien maman à cause des larmes je ne vois plus rien alors.