Lundi 31 mars 2014 à 21:42

Ce rond et vieux monsieur en anorak rouge est passé devant moi, et c'est l'ours qu'il tenait entre ses mains, contre lui, qui a attiré mon attention. Il avait de tous petits gestes, délicates et presque invisibles caresses pour la peluche. Une casquette de vieux loup de mer enfoncée sur la tête, il déambulait, sans but, l'air perdu, mais intéressé. Ses vêtements flottaient un peu autour de lui, étranges, mal taillés, défaits sans l'être tout à fait. On aurait pu penser que c'était un homme de la rue mais en fait non. Impossible de ne pas fondre en flaque face au duo de l'improbable papi et de son ours gris. Je me suis mise à les suivre dans l'épicerie, feignant un soudain intérêt pour un paquet de gâteau, pour mieux les épier. Ils avançaient lentement d'un point à l'autre, avec une grâce balourde, hors du temps. Alors qu'ils s'éloignaient, j'ai réussi à rejoindre le stand de dégustation assez vite pour lui proposer de goûter une tapenade. Il m'a regardée, j'ai vu ses yeux un fugace instant, il a décliné et il a dit quelque chose à propos de la nuit, je n'ai pas compris. Ils sont partis mais m'avaient transpercée. Un rai de lumière qui me traversait de part en part, ne me laissant qu'une irrépressible envie de pleurer, une émotion à fleur de poumons.

Plus tard, je les avais complètement oubliés. Il est repassé, a pris le temps de me faire un sourire fou et gigantesque de sous sa casquette. J'ai eu un arrêt du coeur et une chamade de bonheur.

Lorsque, à la toute fin des fins, il est sorti avec son sachet de thé, il a fait un petit signe avec la patte de l'ours, un au revoir de peluche. J'ai pensé
J'ai un nouvel ami.

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