Jeudi 3 février 2011 à 8:59

Je suffoque je douleur j'ai mal. La petite locomotive de la vie a éteint la machine à vapeur et me laisse voyager en sbahn. La présence des autres m'agresse, j'ai les yeux obstinément sur le sol, le regard cimenté au fond de l'estomac. Je marche vite pour être invisible, mes pas font des bruits de rochers, le vent m'a collé les cheveux sur les lèvres, je me fiche, je n'existe pas. Je voudrais pouvoir crier. Je ne veux pas rentrer chez moi et je ne veux que ça. Me déshabiller me glisser sous les huit couvertures et m'abandonner à Balthazar. Je ne pense qu'à lui, à sa peau rappée, à son odeur berceuse, à son amour en consolante. Je ne veux pas rentrer chez moi et je n'ai pas le choix. Je n'ai plus la force de courir, la lassitude me traine sur le trottoir, les gens me dépassent, je balbutie des insultes en français, j'insulte la vie, entre mes poings serrés mes clefs me cisaillent la peau, je voudrais me jeter contre un mur, je n'ose pas. Je m'assoie sur trois planches derrière l'immeuble, je n'avais jamais vu la nuit d'ici, les bâches claquent au vent, les arbres derrière moi se laissent aller au froid, sons d'hiver, sons qui craquent, sons qui gèlent. Je pleure. Et puis je ne pleure pas. Même plus la force pour ça. J'ai un goût écœuré et écœurant sur les lèvres, je cours me réfugier dans mon oreiller, je sais qu'en sortir me demandera une énergie incroyable, une énergie que je n'ai pas, je roule à vide, la machine tourne sans oxygène. Je tremble de gravité du matin jusqu'au soir. J'ai des allures d'épouvantail prêt à casser. En prenant mes clefs à côté du miroir je me suis trouvée belle. Un air de visage que je  ne connais pas. Rien, rien, rien, pas moi, tout ça.

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