Lundi 16 janvier 2017 à 22:12

Alors ça y est papa, tu es parti.
Le coup de téléphone, c'était il y a quelques secondes.
Je ne sais pas encore comment tu es parti, si c'est arrivé ou si tu l'as choisi. Je me demande s'il est quelqu'un avec qui tu as autant déconné de ton suicide que moi. Ce n'est pas tant qu'on en riait, plus que ce n'était pas un tabou. Que tu l'évoquais, je ne le balayais pas au lointain, je te disais que oui, je savais, que ça faisait toujours parti des chemins possibles de ta vie.
Je ne sais encore rien et j'ai cette conviction pourtant que tu y as été de ton plein gré. Peut-être un appel dans quelques minutes me donnera tord, m'énoncera la mort naturelle.
Je souhaites juste papa, que tu aies revu Augustin, lui qui plus que quiconque sur cette planète a été exposé à toi, a vécu les tumultes du lien avec toi et les affres de ton mal de vivre. Vous avez été tellement liés et tellement le nez l'un dans l'autre, j'espère de toutes mes forces que tu as eu ce geste d'une soirée normale à mettre comme dernière dans son calendrier à lui, le plus petit, le plus petit des grands, le bel humain en devenir.
Pour nous, ne t'inquiète pas, on le sait que ce n'est pas adressé au reste du monde, que ce n'est adressé qu'à tes intérieurs, qu'à tes organes vie et tes mésententes avec les arrangement d'être conscient.
Je ne t'en veux de rien, nulle part, papa, il n'y a pas de colère, pas de reproche, je te le promets.
Il y évidemment le choc, mais ce sera tout pour moi. Je sais que tu as fait de ton mieux pour t’accommoder de cette humanité, et que ton mieux avait ses limites que personne ne remettait en cause. Que je ne laisserai personne remettre en cause.
Je me pose en gardienne devant ton départ, papa, je ne laisserai rien insinuer que tu as été faible, je me tiens ici, droite face à ton départ, je me tiens ici avec qui voudra, je te laisse partir si c'est ce que tu voulais, tu as été toujours toi, avec ton humour, ta provocation, tes pitreries, sans naturel pour dire l'amour.
Ne t'en fais pas, va, ton amour, on le sait, on le devine et on le mesure, je sais exactement où tu le mettais, dans quelles inquiétudes, dans quelles maladresses. Je nommerai cet amour si tu le veux, on pourra s'amuser à ça, ici entre nous, lister les preuves d'amour de toi à nous, que tu n'as pas vraiment su articuler mais qui était bel et bien là.
Je te préfère parti que dans ce corps que rien n'allait réparer, que dans ce corps qui aurait plus que jamais joué contre toi, avec ses plaies sans guérison.
Ne t'inquiète pas, respire, tu peux respirer désormais, la vie ne viendra plus te tirer vers le bas, tu t'es affranchi de ça, tu t'es défait de son emprise, va !
Nous, ceux avec qui la vie est plus clémente, nous restons, nous restons et t'aimons.

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