Mardi 25 janvier 2011 à 15:38

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Certains soirs je crois que je vais mourir si un garçon ne vient pas s'allonger à côté de moi me prendre dans ses bras. C'est pas pour rire j'ai une douleur physique telle que je voudrais pouvoir crier pleurer arracher la tapisserie. Mais rien, je suis complètement amorphe, je compte les vides les manques les désirs, ce ne sont même plus des pièces manquantes, c'est devenu un tout, une sorte de matière du néant. J'erre fantomatique dans mes pensées. Je suis assise au milieu de mon lit, incroyablement immobile depuis de longues minutes qui semblent être des heures qui seraient toute une vie. Plus rien n'a d'importance. Je n'existe plus. Je prends mon portable et fait défiler l'annuaire, je compte les garçons à qui je pourrais envoyer " J'ai envie de te voir ", je n'ai pas la force d'imaginer combien j'en réveillerai, combien seraient trop étonnés pour répondre et combien viendraient. Je n'ai pas l'énergie pour jouer aux probabilités. Je fais juste une liste des prénoms. Je me dis que je donnerai n'importe quoi pour que n'importe lequel d'eux vienne ici. Absurde. Mais j'ai tellement mal. Pour vrai. Ici ici ici ici là et là. J'implose. Sans fin. J'ai l'impression que je vais mourir. Je voudrais juste que l'on me garde en vie. Juste pour cette nuit.

Mardi 25 janvier 2011 à 15:37

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Oh oui gamine, viens là te rouler dans mes regards, deviens ma muse des photos du dimanche. Tes airs de mômes dans ce corps de femme, et puis ton aisance incroyable, 900 photos et pas une seule où tu chouines. Oh oui, devenons un rendez-vous régulier, amusons-nous, rions, faisons n'importe quoi. Ton rire, gamine, tu as un rire un peu fou, comme ta voix, un truc enfantin qui traine un peu, une petite mélodie du fond de la gorge, je ne sais pas vraiment comment dire. Tu sais gamine, il y a tellement de garçons dans cette vie et si peu de filles, je veux bien que tu sois une fille, sois une fille, sois une fille. On boira mille thés et on mangera des bretzels, je n'aime pas les bretzels mais là bizarrement rien ne me convenait plus que des bretzels. Et si tu le veux bien on fera aussi des photos de toi nue, et puis des photos de toi avec des oreilles de lapin et puis des photos de toi dans la forêt, et puis. Et puis, plus tard, je dirais, " Oh oui, Mademoiselle Lee, la toute première à être vraiment passée dans mon appareil, à m'avoir proposé autre chose que de l'autoportrait. J'étais encore une gamine, elle aussi, c'était bien. Des gamines. ". Et puis, plus tard, si je t'attrape toute entière, si on sait faire des histoires, je te dis, on ira louer une mini galerie et on la remplira d'images du sol au plafond, et même sans trapèze, les gens verront les lumières du théâtre et tes rires tournoyer voler clignoter.

Mardi 25 janvier 2011 à 15:35

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Il y a des images sur tous les murs et beaucoup de gens, ça chahute ça picore et ça rit gaiement. Elle boit un peu et s'amuse déjà, silencieuse à regarder les autres parler. Quand il s'approche elle le situe rapidement, ils se sont déjà croisés, quelques fois, au hasard, comme ce soir, dans ces apartés à majorité française. Il lui demande C'est toi sur la photo ?  C'est évident que oui, il connait déjà la réponse, il cherchait juste des premiers mots. A son regard appuyé, elle le classe tout de suite parmi ceux qui ne distinguent pas la scène des coulisses : il parle à la fille de l'image. Elle voudrait l'arrêter, lui expliquer qu'il se trompe de personne, mais c'est le genre d'idée un poil trop compliquée à balancer à un inconnu. Elle rembobine dans sa tête les phrases qu'elle aurait aimé pouvoir lui dire Oui, c'est moi sur la photo, même visage même peau même corps, mais pourtant pas du tout, ne t'y méprends pas... Cette jeune femme nue, ce n'est pas moi, je ne suis pas comme ça. Mmmmh, le regard vague un instant, elle revient à lui. Elle le détaille. Il doit être légèrement plus jeune que son père, il parle bien, quelqu'un de penseur, un peu poète et très charmeur. Elle est franchement seule et ne se sent pas de taille à jouer à la plus maline avec lui, le fuir demanderait tellement de ruses, elle n'a pas le cœur à l'ouvrage , pas là. C'est une gamine, une jeune adolescente, un bout chair à peine né. Lui est un monsieur qui ponctue élégamment, a les idées qui font des arabesques, il cultive une certaine classe. Il lui parle de visage à visage, elle ne cherche pas à se dégager de sa silhouette. Il la regarde tellement loin dans les yeux, avec des mots un peu sulfureux, elle a le vertige un court moment, tout semble tiède ou moite. Il mène la danse et elle se laisse doucement porter, elle rit souvent pour rester dans la réalité des autres, pour ne pas s'envoler... Rire la ramène à la terre ferme. Il la guette de côté, il l'entoure, il ondule, quand elle se tourne elle sent ses yeux sur sa nuque. Il passe parfois sa main dans son dos, elle a un pull un peu ample légèrement dos nu, il effleure sa peau. Elle ne veut pas savoir, elle fait tout au présent. Elle prend la chaleur qui lui donne, il lui embrasse l'épaule, elle pense Il ne faudrait pas qu'il aille plus loin, mais elle ne dit rien, elle ne dit rien parce qu'il la nourrit, il lui donne la becquée, il renfloue les soutes les cales du navire, elle se sent un peu plus vivante, un peu plus organique. Il lui fait du pied sous la table, elle laisse la séduction s'amuser ce soir, elle laisse, elle laisse. Normalement, elle n'aime pas les hommes qui la prennent pour la fille photographiée, elle n'aime pas ces gens qui ne font pas la différence entre la sensualité de l'image et l'autre, la fille, la vraie. Mais là, finalement, c'est bien.

Mardi 25 janvier 2011 à 15:34

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Et dix heures par jour elle travaille sa peau, assouplit son corps, entraine la magie. Dans l'ombre sans fin,  rigueur d'artiste. Il fait froid. Le soir les projecteurs s'allument, les applaudissements rayonnent de chaleur, le public frémit. Mais la journée, les coulisses sentent l'ennui.

Mardi 25 janvier 2011 à 15:33

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Il a traversé devant elle, à l'exact endroit où ils s'étaient rencontrés la première fois, à quatre heures du matin, quelques semaines auparavant. Elle s'est étonnée qu'il ait pu la frôler sans la voir. Elle avait pourtant exactement le même bonnet rouge que l'autre jour. Et puis, quelque chose d'assez étrange, alors qu'elle le voyait s'éloigner, il s'est retournée, l'a vue, elle lui a souri, il a fait quelques pas vers elle. Il a dit

" Hey, bonne année ! " Il a dit  " Hey, bonne année ! " Surprenant. Pas " Han, toi, dingue de te revoir ! " ni " Saluuut, ça va ? ". Non. " Bonne année " Déroutant. Le truc lancé sur un ton un peu bizarre. Impossible d'y répondre. Elle a souri une deuxième fois. Il a regardé le tram arriver et a dit " C'est le tien ? ", elle a répondu " Oui ",  il a dit " Bon ",

sur l'air de " Je te laisse alors je ne veux pas te déranger ", et il est parti.
Elle est montée dans le tram et l'a à nouveau vu s'éloigner de dos.

Mardi 25 janvier 2011 à 15:32


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Jouer à la fée est un jeu dangereux. Sans métaphore facile. Mes crayons de maquillage de clown colorés sont tout abimés-cassés, plus possible le matin de me faire des pois de couleur partout sur le visage. Alors j'ai adopté la paillette. Je conjugue la vie en paillettes, j'interprète la paillette, je fais ma fée en pluie d'étoiles. Sur les paupières sur les lèvres partout sur le corps j'étincelle, j'ai réinventé le concept tâches de rousseur, et celles-ci se voient même en hiver. Surtout en hiver. Dans le tramway je regarde au sol un instant et je tombe mes pétales dorés légers, ça virevolte, micro-scène-minuscule adorable. Je fais la bise aux français, je prends dans mes bras les allemands, et sur chaque silhouette je laisse un détail ultime, un détail qui désappointe et fait sourire. Je m'amuse de voir mes demoiselles voyager, elles sont espiègles et sautent partout, j'en retrouve sur le front d'un ami et je ris, sûre de ne jamais l'avoir effleuré au dessus des sourcils. Celui-là en a partout sur le visage, il clignote dans tous les côtés, comme si je m'étais blottie sur sa peau. Et les autres, tous les autres, lui son pull, elle son nez, elle sa main. C'est tellement doux et drôle, les journées passent avec délice. Mais jouer à la fée est un jeu dangereux. Sans métaphore facile. Le soir, je me glisse dans mon lit radeau couverture cabane de chaleur. Et tout à coup, l'idée des paillettes est l'idée la plus nulle du monde. Dans les plis du tissu, elles s'éloignent enfin de ma peau, ce qu'elles semblaient ne plus jamais vouloir faire. Et mon lit radeau couverture cabane de chaleur se transforme en piège à sommeil, en machine à insomnies. Mesdemoiselles les paillettes s'éparpillent avec la ferme idée de faire la fête toute la nuit. Elles grattent elles piquent elles mordent elles démangent elles attaquent mon épiderme, si petites mais tellement nombreuses... Mes nuits font une réaction allergique à cette idée de paillettes, je ne sais pas si je vais pouvoir fermer la paupière un jour, tant elles remuent dans tous les sens et me rendent l'obscurité inconfortable. J'ai du finir par m'endormir un instant, parce que le lendemain, au réveil, évidemment, ça recommence. J'adopte la paillette.

Mardi 25 janvier 2011 à 15:31

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Elle dit : Je ne fume jamais quand tu es là parce que je sais que tu détestes ça.

Vendredi 14 janvier 2011 à 1:09


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Lundi 10 janvier 2011 à 23:45

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Vendredi 7 janvier 2011 à 21:41


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