Mardi 25 janvier 2011 à 15:35

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Il y a des images sur tous les murs et beaucoup de gens, ça chahute ça picore et ça rit gaiement. Elle boit un peu et s'amuse déjà, silencieuse à regarder les autres parler. Quand il s'approche elle le situe rapidement, ils se sont déjà croisés, quelques fois, au hasard, comme ce soir, dans ces apartés à majorité française. Il lui demande C'est toi sur la photo ?  C'est évident que oui, il connait déjà la réponse, il cherchait juste des premiers mots. A son regard appuyé, elle le classe tout de suite parmi ceux qui ne distinguent pas la scène des coulisses : il parle à la fille de l'image. Elle voudrait l'arrêter, lui expliquer qu'il se trompe de personne, mais c'est le genre d'idée un poil trop compliquée à balancer à un inconnu. Elle rembobine dans sa tête les phrases qu'elle aurait aimé pouvoir lui dire Oui, c'est moi sur la photo, même visage même peau même corps, mais pourtant pas du tout, ne t'y méprends pas... Cette jeune femme nue, ce n'est pas moi, je ne suis pas comme ça. Mmmmh, le regard vague un instant, elle revient à lui. Elle le détaille. Il doit être légèrement plus jeune que son père, il parle bien, quelqu'un de penseur, un peu poète et très charmeur. Elle est franchement seule et ne se sent pas de taille à jouer à la plus maline avec lui, le fuir demanderait tellement de ruses, elle n'a pas le cœur à l'ouvrage , pas là. C'est une gamine, une jeune adolescente, un bout chair à peine né. Lui est un monsieur qui ponctue élégamment, a les idées qui font des arabesques, il cultive une certaine classe. Il lui parle de visage à visage, elle ne cherche pas à se dégager de sa silhouette. Il la regarde tellement loin dans les yeux, avec des mots un peu sulfureux, elle a le vertige un court moment, tout semble tiède ou moite. Il mène la danse et elle se laisse doucement porter, elle rit souvent pour rester dans la réalité des autres, pour ne pas s'envoler... Rire la ramène à la terre ferme. Il la guette de côté, il l'entoure, il ondule, quand elle se tourne elle sent ses yeux sur sa nuque. Il passe parfois sa main dans son dos, elle a un pull un peu ample légèrement dos nu, il effleure sa peau. Elle ne veut pas savoir, elle fait tout au présent. Elle prend la chaleur qui lui donne, il lui embrasse l'épaule, elle pense Il ne faudrait pas qu'il aille plus loin, mais elle ne dit rien, elle ne dit rien parce qu'il la nourrit, il lui donne la becquée, il renfloue les soutes les cales du navire, elle se sent un peu plus vivante, un peu plus organique. Il lui fait du pied sous la table, elle laisse la séduction s'amuser ce soir, elle laisse, elle laisse. Normalement, elle n'aime pas les hommes qui la prennent pour la fille photographiée, elle n'aime pas ces gens qui ne font pas la différence entre la sensualité de l'image et l'autre, la fille, la vraie. Mais là, finalement, c'est bien.

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