Samedi 2 février 2013 à 12:31

Tu as bougé ton bras et tout à coup nous nous touchons à travers la couverture. J'ai le coeur en alerte, éveil total, apnée. Mon système nerveux est désormais hypersensible. Je sens mon corps se vider, toutes mes cellules se précipiter et se jeter vers le lieu de la rencontre. Ébullition immobile. Ça s'agite côté neurones. Vent de panique, peur de rompre l'instant suspendu. Je prends des mesures, calcule la superficie, la densité, la matière. Ne plus bouger, pour l'éternité. Je délimite la zone, je la sens, la pressens, l'imagine, la caresse, l'aime. Je te regarde, je me demande si tu es conscient, je te regarde et je suis tellement consciente que tout bourdonne, tout mon moi s'est concentré à toi et mon bras s'engourdit. Mon bras s'engourdit et disparaît lentement, il mue, il devient drap, il devient couverture, il devient toi. Nous voilà siamois, je te regarde, nous voilà siamois et tu ne le sais pas.

Je voudrais passer ma main dans ton cou, dans tes cheveux. De t'être si proche je revis tous les connus de nos nuits côte à côte. Je vois précisément ce que j'avais pu oublier, l'odeur de ton sommeil, la couleur de nos silences, la matière de nos respirations, de nos calmes et de nos impatiences, la façon qu'avaient nos corps de se côtoyer. Quand tu étais allongé comme ça, et que j'étais allongée comme ça. Quand nous étions emmêlés comme ça. De t'être si proche, tout me revient, et ce n'est pas du passé, mais bel et bien du présent. De t'être si proche la mémoire n'est plus mémoire, mais sensation. Je voudrais passer ma main dans ton cou, dans tes cheveux. Les yeux grands ouverts j'effleure ta silhouette, j'imagine le bout de mes doigts voler au dessus de toi, c'est ta main que je veux, je voudrais prendre ta main et la poser sur moi, oh oui, juste ce geste là, ta main sur mon bras, ta main sur ma joue, ta main dans le bas de mon dos, ta main ta main ta main. Ta main dans ma main. Ça y est, je sais, c'est ma main qui veut ta main, c'est plus fort que tout, le bout de fil qui me relie à toi est tellement tendu que ma paume de main se vrille se cambre vacille, aimantée à ta destination, ta main dans ma main ça toujours été la solution à tout et mes délivrances, ma main dans ta main ça semble une telle évidence, comme si ça avait toujours existé, comme si ça n'était jamais fini, nos mains s'appellent se parlent se demandant se veulent nos mains sont une, je peux ?

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