Dimanche 14 mars 2010 à 0:00

http://clignotants.cowblog.fr/images/Decembre2009/P1180170.jpg« L'autre nuit quand je cachais mes mots dans le creux de sa clavicule, je lui racontais combien c'était dur, de ne plus ressentir ce besoin vital de m'évader m'accrocher à l'écriture ou à la photographie. Je disais que je n'étais pas assez malheureuse pour ça. Plus exposée à cette solitude et à ces retranchements de l'année dernière. Plus assez poussée aux frontières de moi. C'était une idée qui me trottait dans les cheveux depuis quelques jours et qui me fichait une peur bleue : que les mots ou les images ne soient qu'un moteur de secours, un instinct de survie qui me pousserait à creuser pour trouver la lumière, que je sois incapable de les garder à moi quand il ne fait pas assez obscur.

Je ne creuse plus rien, depuis des mois. Je me suis abonnée à ses baisers et à ses mains sur moi, j'ai souri-flotté dans une colocation qui semblait tenir la route et maintenant s'effondre, et je me suis laissée anesthésiée par la ville.

Pour la première fois, je vis seule dans un lieu où personne n'a d'autorité-supériorité directe sur moi. Aucun regard donc à combattre, personne à qui faire front ou à fuir. Est-ce cela qui m'use ?

L'autre nuit quand je cachais mes mots dans le creux de sa clavicule, je chouinais le côté tiède de ma vie, l'absence de claques de froid ou de grandes brûlures, cette oscillation permanente mi-figue mi-raisin, sans belles envolées de rires ni tristes cascades de larmes.

Et paf splatch clak, quelques heures après, comme une bombe à eau, une vague de douleur m'inonde dans et sous et sur la peau. Ça me prend de partout, m'assaille à l'intérieur et m'agresse à l'extérieur, je n'ai pas vraiment vu venir le coup, je reste là, étonnée-désarçonnée.

Et ça fait mal d'avoir mal, de ne plus pouvoir se lever, de ne plus savoir se réveiller,

Berlin qui était mon idéal mon échappatoire mon rêve m'étouffe et m'emprisonne. Minuscule ville de rien qui ne me semble plus avoir aucune perspective. Les rues les trottoirs les bitumes m'ont réduite, éteinte à petits feu. Le vent de liberté d'aventure et de désirs qui venait toujours se glisser sous ma porte est tombé malade. Berlin est fade, sans goût, sans refuge ni immensité, défaite de ses reliefs.

J'ai l'oppressante sensation que la ville a rétréci d'un coup, qu'elle m'enserre et m'étrangle. Et je ne sais plus quoi faire pour la regonfler, lui redonner ses folies d'avant.

Évidemment, tout se joue dans le petit théâtre de ma tête, petite tête qui se noie de malaise, malaise qui se nourrit de moi, moi qui attend un coup de théâtre.

Et de me perdre d'attendre.

Et de savoir que je ne tourne pas rond, mais il y aurait encore trop à dire.
»

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://clignotants.cowblog.fr/trackback/2976204

 

<< Aujourd'hui | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | Quand on était plus jeunes >>

Créer un podcast