Vendredi 31 juillet 2009 à 23:49

et je veux vivre toute ma vie dans un train rempli d'enfants; j'ai l'impression d'avoir encore l'intelligence de jouer à être eux et j'ai peur de grandir; j'ai même parfois la folie de réussir à les surprendre, à les étonner, ils ont des yeux ronds comme des soucoupes volantes alors j'éclate de rire,

et je veux applaudir en triomphe quand Jérôme le terrible arrive à faire une boucle de lacet, raconter des histoires abracadabrantesques à Amandine qui me regarde avec son sourire de poupée et ses deux fossettes d'ange à croquer, faire des clins d'oeil au p'tit dernier du wagon 22 pour qu'il me donne un carambar à la fraise, voler des dragibus à Jérôme en revenant, compter le nombre de valises avant de descendre, être le berger de la transhumance, vérifiez que les miens sont toujours vivants et leur débarbouiller le visage, regarder Rémy faire des tours de magie et pester tout fort de ne pas trouver son truc, en rajouter un peu (beaucoup) parce que ça lui fait trop plaisir, faire l'inventaire des pulls des sacs à dos des casquettes et des lunettes de soleil, accepter l'aide des messieurs sur le quai pour qu'ils se sentent utiles mais à vrai dire, ne pas en avoir besoin, être le seul capitaine à bord du navire, moussaillon au même titre que mon armée de rameurs d'un mètre trente, mais garder discrètement les pieds sur terre pour ne pas les perdre, les laisser s'asseoir au fond du bus et prendre une respiration de silence à l'avant, et puis repartir en apnée, dernières longueurs avant le soir, dernier enfant rendu à ses parents; et me demander s'ils m'ont déjà oubliée en descendant les escaliers, combien de jours avant que Rémy ne se souvienne plus de mon désespoir devant sa magie... penser que Jérôme me verra sûrement dans les boucles de ses lacets pendant un moment encore, et déjà regretter de ne pas être là pour les prochaines fois, en tonnerre d'applaudissements.

et je veux rester toute ma vie dans ce train rempli d'enfants, qu'il en monte d'autres et que jamais le manège ne s'arrête, je veux qu'ils écrasent leurs sandwichs mayonnaises sur les fenêtres et être là pour constater les dégâts, et je veux vivre dans leurs regards leurs rires leurs humeurs parce que je m'y sens comme un poisson dans l'eau, parce que je peux exister avec toute la fantaisie possible et ça ressemble à un jeu et personne ne trouve rien à y redire.

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