Mardi 11 mars 2014 à 0:11

Le soleil a éclaté et les jours reprennent leur poids de lumière. Petite trahison bizarre de l'hiver à l'absence insolente. Emmène-moi. Je te suis n'importe où. J'ai envie d'allonger mes poumons sur le sol et de les regarder battre comme des fous. Je ne veux pas rester là, face à face avec l'ennui. Hisse la grande voile et apparais ! J'ai oublié la sensation de voler; bientôt une vie que je n'ai laissé personne s'approcher. Cela doit pourtant être possible. Les idées sauvages cadencent la perte d'une confiance. Je veux bien tout effacer, ça, les pensées araignées, tout oublier, mais viens, on taille la zone, on s'arrache, en silence et en cris, saute-moi au cou je m'attache à ta hanche, dévalons ce début d'année, essoufflons-nous, éreintons-nous, consolons-nous. Montre-moi ces nuances que je n'entends plus à force de mon écho, épelle-moi les mots que la solitude m'a enlevés, bordel, élargissons veux-tu ? Éclaboussons et endormons-nous. Là, juste là, très fort mais doucement.

Vendredi 7 mars 2014 à 10:54

« N'OUBLIE PAS OÙ TU VAS » tu avais eu l'idée de placarder ces mots partout où tes yeux se posent et se reposent; c'est une bonne idée, tu ne l'as pas encore fait. Prends du papier, ton plus beau marqueur et apprends enfin à encadrer tes pensées. Où tu iras réellement importe peu, ce qui compte désormais, c'est que tu aies envie d'aller. Je suis derrière toi, toujours, quand tu piétines, quand tu chouines, quand tu dors plus que nécessaire; je suis derrière toi dans les tristesses et les folies. Je serai derrière toi dans les lumières et les couleurs, les demains et les renouveaux. Je serai là si tu veux être grande; là aussi si tu veux rester petite. Je n'attends rien de toi, je ne te demande pas de me convaincre de quoique ce soit. Mais je dois dire que tu m'ouvres l'appétit lorsque tu évoques l'idée de dévaliser le supermarché et de révolutionner nos menus. Mettons-nous à table, veux-tu ?

Jeudi 6 mars 2014 à 10:12

Oh le rendez-vous épuisé de la semaine : ici pas de brûlures. On effleure, on passe de la pommade, on ne réveille pas les monstres. J'aimais cette aire aux démons, aux larmes à la sueur et à la bave, cet exutoire dessiné où malgré les explorations de tempêtes, aucun corps n'était à déclarer disparu. Expérimenter la folie sans jamais perdre une miette de bon sens, fabuleuse trouvaille.

Désormais, les silhouettes restent bien rangées, on n'imagine de toutes façons plus les perdre, cela se passe comme une légère ritournelle ou comme une rengaine démodée.

Puisque j'y suis je ne démissionne pas. Mais puisque je ne démissionne pas, je n'y suis pas.

Mercredi 5 mars 2014 à 0:50

On devrait te faire un petit écriteau pour prévenir que tu n'es pas potable.
On pourrait même y préciser que tu es infect.

Mardi 4 mars 2014 à 2:02

C'est dans les escaliers que j'éprouve et mesure le mal. Les marches sont ma sonnette d'alarme et mon verre doseur de douleur. Lorsque je ne plie qu'une jambe pour épargner l'autre, c'est mauvais, ça veut dire Joue-la-calme, ça veut dire Joue-la-bien, je n'ai ni envie d'être tranquille ni envie de prendre des précautions; pourtant c'est ce que me disent les escaliers, les escaliers me disent : Ne nous prends pas à la légère, tu sais comment ça peut finir, l'un ou l'autre genou ne voudra plus se plier, alors comment feras-tu pour monter et descendre de ton lit ?

Mardi 4 mars 2014 à 1:57

J'ai mal au genou et aux genoux alors je ne croise pas les jambes. Je me sens dépossédée d'une habitude et du choix d'une attitude. J'ai les deux pieds dans le sol, c'est profondément désagréable, je voudrais me tordre. Je dois me faire violence pour ne pas croiser les jambes, c'est psychologiquement étrange et éreintant aussi.

Dimanche 23 février 2014 à 11:58

Je trouve embarrassant d'embrasser.

Si je peux, puisque je suis là, je rembobine. Je viens d'un monde où poser ma main sur ton bras me semblait insurmontable, même pas envisageable. J'ai fui les autres, tous, leurs mots, leurs rires, le simple fait de leur existence. Je reviens de loin et je suis heureuse d'être arrivée jusque là.

Il m'a dit Joue-la sincère.


Je trouve embarrassant d'embrasser. Ça me fiche la pire trouille, je n'aime pas ça, jamais je n'ai autant la sensation d'être faible et vulnérable.

Je ne sais pas dire des choses gentilles, faire des compliments, comme si ces mots, si je les prononçais, pourraient être utilisés pour m'emprisonner. L'idée de dire ces mots m'étouffe, l'idée de confier cette pensée aimable que j'ai, cette idée m'étouffe alors je me tais et je ris aux éclats.
À quelques-uns je peux dévoiler des douceurs, ces quelques-uns dont je ne risque rien, parce que je suis apprivoisée.

Parfois faire la bise m'angoisse encore, saloperie de protocole, je préfère te taper dans les mains, dire bonjour et au revoir ce n'est pas mon fort.

Certes, je peux, désormais, te toucher le bras, te tresser les cheveux, créer des points de contacts qui sont restés si longtemps inexistants,
mais je galère toujours à être sincère.
À dire ce que je pense.

Oh souvent je parle trop, et c'est peut-être pour noyer quelque chose ou parce que je cherche autre chose et que je ne le trouve pas.
Je ne sais pas répondre aux questions simples, ni aux questions personnelles, j'élude. Ces questions là me déséquilibrent, je fais la sourde, je sème deux ou trois paillettes.

Je trouve embarrassant d'embrasser, personne ne m'en a encore donné le goût, parce que ça ne viendra que de moi. Embrasser c'est tout en haut dans mon échelle du pire.

Mais faire l'amour suit de près. Pardon, pas si près. Puisque je peux dire que j'ai envie de faire l'amour et que j'aime ça aussi. Mais je ne lâche jamais prise. Ton corps, cet inconnu, me crie des choses dans une langue que je ne comprends pas. Rien n'est naturel. Tout s'empêtre dans ma tête. Il neige. Un grand silence. C'est le carnaval des désirs, un terrible brouhaha de ce que je voudrais dire, de ce que j'aimerais faire. Rien ne sort. Je ne te mange ni ne te croque ni ne te lèche. Tu serais pourtant un parfait dessert. Dis bonjour à mon incompréhensible anorexie.

Tu connais l'exubérante, celle qui rit aux éclats, celle qui enfile des anecdotes sans intérêt dans le col d'une conversation, viens que je te présente la taiseuse. Des kilos de vérités bien trop lourds à porter, que je ne hisse pas à la surface : cet effort, je ne le maîtrise pas. Je ne sais pas faire. J'admire ceux qui. Savent. Ont la simplicité.

Je me soigne, mais il me reste un peu de complexité.

La taiseuse, tu ne la connais pas puisque moi-même j'ignore son début et ses faims. Mais ni toi ni toi n'êtes idiots : vous la devinez. C'est ce qui fait le personnage, son mystère, sa contradiction, son attraction.
Pour autant, j'ai parfois la sensation que tu prends tout cela un peu trop premier degré, il ne faudrait pas.

J'en connais peu, je crois même que je n'en connais pas, qui n'ont pas fait cas de la taiseuse, qui ne se sont pas laissés impressionnés.

Peut-être que je te sous-estime, que tu déjà sais tout ça, que tu as lu entre les lignes. Je ne risque pas de le savoir : si tu as suivi, je ne vais pas te demander.

Samedi 22 février 2014 à 22:52

Ce soir je me suis sentie en sécurité, coupée du vent au milieu de son édifice dont il dirait si particulièrement qu'il est cassé. Il refait un peu la chape du sol, repose quelques fondations pour voir si ça tangue un peu moins. Il a bricolé un début d’échafaudage pour la façade; mais ce sera évidemment pour plus tard, la façade. Pour l'instant il campe dans son chantier cassé et semble s’accommoder de ça, et s’accommoder aussi de savoir que son bivouac ne ressemble pas à grand chose. Et le savoir, c'est nouveau. Pourtant c'est bien là que pour quelques minutes le vent s'est tu, la tempête m'a oubliée, dans son bout de précarité j'ai cessé de grelotter. Je n'aurais jamais cru. J'avais fini par imaginer que désormais je serai toujours celle qui lui jetterait un plaid sur les épaules - Agréable sensation d'être contredite, de descendre les escaliers avec des envies de danser, de sentir qu'il a réanimé 3 ou 4 globules rouges complètements détraqués-tourneboulés. Salutaire lâcher-prise, bien aimés mots qui transpercent, qui te trottent la tête et paradent dans ton conscient.
Ces mots là qui ce soir, allélouia, ne sont pas de toi. Mais de lui, oui !

Samedi 22 février 2014 à 8:36

Écrivons pour voir, puisque penser s'est arrêté, que la nuit se fait tard et brumeuse.
Ainsi enfant, tu doutes, doutes même de l'envie d'une étreinte, d'un corps au tien, de bras serrés à toi. Tu oublies d'une fois à l'autre ce que c'est tout ça, ces rituels, tu dis que tu n'es pas sauvage, mais. Pourtant si. L'ogre mangeur d'âmes dispersait assez de poudre aux yeux pour t'apprivoiser et te rendre si électrique. Il y avait dans cette contradiction une nouvelle fluidité. Si courte, si vite envolée. Te voilà déjà revenue à tes empêtrées saccadées, toi la si nue impossible à déshabiller, l'envisages-tu seulement ? Il t'a laissée débutante, mais débutante tu es née, débutante tu reviendras toujours, comme au premier jour, encore démunie, face à toi; face à l'autre. 
Cette raideur, cette raideur Louise.
Combien de temps encore ? En aurons-nous un jour l'antidote ? Parfois, je n'y crois pas.

Vendredi 21 février 2014 à 3:25

Il a dit "oui bien sûr, tu pourras dormir dans mon lit, je rentre le lendemain", j'ai répondu que je pouvais aussi faire sommeil dans le canapé, mais non, j'ai senti que même le téléphone le pensait : ma place était dans le lit. C'était touchant de se savoir attendue entre ces draps là, une petite joie, un retour à la maison, l'autre maison, celle d'avant.

Puis il m'a laissée dormir dans son lit à côté de lui et ce n'est pas rien, j'ai été un peu la paria de ces lieux. Ce n'était pas rien alors ça a été un peu étrange, ces retrouvailles, j'aurais aimé que tout soit plus naturel, mais j'ai été prise par surprise, je n'imaginais pas être invitée à naviguer côte-côte en nocturne. J'avais tout de même envie de lui prendre la main ou de l'étreindre, pour dire Regarde tout va bien, tout va aller bien, est-ce que ça va ? Je me suis bien gardée de le faire, il est tellement difficile à mettre en lumière, même endormi, alors je suis restée là sans bouger, comme empêtrée dans un protocole inhabituel, trop d'honneur. Je n'ai même pas pu lui demander Est-ce que ça va ? Il faudra que je pense à le faire.

<< Aujourd'hui | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | Quand on était plus jeunes >>

Créer un podcast