J'ai doucement mais fermement, avec une certaine lenteur mais avec violence douce, déchiré chaque cagette d'une table qu'il avait construite. Pendant les trois chansons de Felix Meyer, le bois a craqué, s'est fendu, les agrafes se sont ouvertes et les bouts ont rejoint les autres bouts et un tas de bouts de table est né au milieu de la chambre. Il y avait un rythme à la destruction, quelque chose de régulier. Je n'étais pas folle hystérique en train de pleurer. Non. J'ai doucement mais fermement, avec une certaine lenteur mais avec violence douce, déchiré chaque cagette d'une table qu'il avait construite. On pense aller mieux, on pense avoir enjambé le pire et aller vers l'apaisement, on pense mais on est pas sûr. On se doutait bien que ça allait revenir, que ça pourrait revenir à tout moment, les crises d'angoisse. ou de colère. ou de. quel sentiment. Ca fait un boucan terrible, de chercher à s'aimer.* Je ne veux plus que ça fasse un boucan terrible, je ravale mes cris, je les ravale encore et encore, je me retiens de me jeter contre les murs. J'essaie de. Rester calme. Il faut rester calme, même quand. Rester calme. Alors j'ai doucement mais fermement, avec une certaine lenteur mais avec violence douce, déchiré chaque cagette d'une table qu'il avait construite. Il va revenir un jour, ça va aller, il va revenir. Sinon il y a encore un tabouret.
*mots de D'ailes