Jeudi 4 novembre 2010 à 17:21

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L e t t r e
d'une fille
à son père

page 1 : le jour d'avant


Je me suis enfin décidée à aller dans un café imprimer ce que j'avais à dire. La machine passait sans fin mes mots entre ses lèvres, j'ai cru qu'elle aurait besoin d'une vie entière pour écrire le fil de cette histoire. Je lui ai demandé de m'en faire un deuxième exemplaire, elle a recommencé à lisser les pages blanches dans le ronronnement de sa bouche à encre. Quand elle a eu enfin fini, je suis sortie du café avec les 68 pages contre moi, elles étaient chaudes contre ma peau, comme un oisillon tombé du nid. Je suis passée au magasin de photographies chercher les deux tirages de mon image de couverture, j'ai feuilleté ma plus longue lettre du monde. J'avais beau connaitre chaque souffle de ces mots, chaque ponctuation et chaque silence des textes que je faisais défiler, il y avait quelque chose de beaucoup plus fort, de beaucoup plus touchant dans cette version là. En noir sur blanc, les lettres se détachaient avec intensité, et me prenaient au ventre. Sous la paume de ma main, un petit tas de feuilles blanches encore tièdes. A toucher, à froisser,  à tâcher, à plier, à déchirer. A laisser vivre. Je suis rentrée chez moi, j'ai pris une enveloppe en carton, j'ai écrit son adresse au marqueur noir. Je n'ai rien ajouté d'autre. Parce que tout est déjà dit. Demain, j'irai à la poste.

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