Mercredi 15 septembre 2010 à 19:20

Quelque chose m'empêche de dormir dans les trains couchettes. Je suis toujours sur le vif, à l'affût d'une rencontre, d'un paysage, d'un moment de grâce, à guetter l'insomnie de mes voisins voyageurs. Comme si j'attendais un enseignement des ces allers-retours berlin-paris, comme si j'espérais y trouver une certaine sagesse. En fait, ces trains couchettes ressemblent à des immeubles où l'on s'entasse comme des lapins : on est tellement nombreux à y cohabiter et l'on se croise sans s'attraper. Ces situations de fausse proximité m'angoissent, me tiennent en éveil permanent. Avoir des voisins sans savoir rien d'eux me fait du bazar dans les idées. Pas de nom, pas de visage, pas de témoin, pas de passage, ne pas réussir à associer les boîtes aux lettres aux paillassons. A quoi ça rime ? Les trains couchettes, c'est presque la même histoire. Mais cette fois-ci, on connait les visages, parfois les voix, on sait d'où ils viennent et à peu près où ils vont. Et puis, tout à coup, ils vont tous se coucher. Mortel ennui. Les lumières s'éteignent sur des personnages que l'on aurait aimé butiner : la fille désespérée en amont, la maman et ses bébés à côté, le garçon qui te ressemble au bout du wagon. Alors je ne dors pas, je guette. J'attends que l'un ou l'autre se réveille, qu'il trébuche dans mes paupières fatiguées que je laisse trainer dans le couloir.

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