Un peu fou, quand on y pense, ces cinq années de mots d'images de maux de bêtises de photos de couleurs et d'humeurs cousues les unes aux autres sous ce pseudo clignotant. Moi, ça me va, c'est une affaire qui roule. Une barque toujours là, qui m'attend patiemment au port, un fil de vie qui raconte sans dire. Je n'ai plus, comme avant, ce besoin de reconnaissance, quand je trouillais perpétuellement, quand je voulais tellement écrire joli, capturer de belles images, quand j'avais envie de bien faire. A ce moment là, Clignotants était la seule pièce visible du puzzle, bout d'iceberg auquel je m'accrochais fermement, comme à une bouée. Maintenant, je suis une Louise-banquise au vent, je m'éparpille, rien de bien sérieux, je suis et je reste désinvolte, paresseuse, grappilleuse. Je ne me promène plus dans mes archives, je garde mes deux pieds avec moi, au jour le jour. Juste, je me souviens avec tendresse de Louise et Margot, deux filles tellement séparées et indépendantes. Cette volonté que j'avais de ne rien mélanger,  je n'étais vraiment pas nette, c'était maladif. Ça me fait rire. Je trouve ça bien d'avoir ses petites bizarreries, ses incohérences, ces trucs qu'on ne contrôle pas et qui ne s'expliquent pas. Non, c'est plutôt que je m'en fiche, voilà, fini les tracasseries, on fait avec ce qu'on a sous la main, on s'en accommode, et si on tient la route, tant mieux ! Souvent, au marché aux puces, les gens regardent les photos et me disent Louise ? Je réponds Margot ! et quand ils me demandent pourquoi, je  ne sais plus expliquer, je réponds C'était il y a tellement longtemps... Cinq ans.